Me voici au coeur de ce parc naturel du nord de la Colombie. Terre sacrée des anciens Tayronas (et aujourd’hui de leurs descendants Arhuacos, Kogis, Wiwas et Kankuamos), elle se trouve aujourd’hui envahie par des hordes de vacanciers avides de plages vierges et de « selfies ».




Pour les plages vierges, on repassera… ou disons que ceux qui souhaitent les trouver ont intérêt à se lever de bonne heure! Et c’est ce que nous avons fait, avant de nous transporter jusqu’ici avec mon amie Vénus et son copain Fernando ainsi que son amie Isabel. Nous nous étions donnés rendez-vous à 6h du matin (ouch!) dans le village côtier de Taganga. Pour l’anecdote: c’est à Taganga que j’avais fait la connaissance de Venus, 16 ans auparavant, lors d’une fête où nous avions échangé nos e-mails.. depuis, elle a émigré au Québec et s’est établie à Montréal. C’est tout un adon qu’on soit en voyage en Colombie en même temps!

Maintenant nous voici réunis au Parc Tayrona, et nous sommes arrivés assez tôt pour occuper à nous seul la petite plage de Cañaveral, à peine dérangés par un sauveteur au visage voilé qui écoule ses heures de travail à visionner des vidéos sur son cellulaire. (Celui-ci demeure néanmoins aux aguets et se met à agiter les bras lorsqu’il me voit affronter les vagues pour explorer une autre section de la baie – je me sens surprotégé.) Ensuite, je fais une session de photo avec Isabel, qui se prête volontier au jeu de Top Model. Puis, Vénus se met de la partie et enfile son maillot, inspirée par une photo de sa maman sur laquelle on la voit poser sur un rocher, presque au même endroit, une génération auparavant.






On revient ensuite sur le chemin principal. C’est le temps de faire nos adieux. Me voilà largué dans l’immense parc, mais loin d’être seul étant donné l’immense flot d’humains (et autres créatures vivantes) qui y transitent aux alentours de midi, en pleine heure de pointe… Et certaines plages (comme celle du Cabo San Juan) sont parmi les plus achalandées que j’ai vu jusqu’à présent en Colombie. Au moins, ça fait du bien de ne pas entendre le bourdon continu des motos – seulement quelques chaloupes qui laissent planer leurs parfums de gasoline au milieu de la foule en maillots de bain. Un décor qui a davantage l’apparence d’un « resort » que d’un Parc national. Américains, Français, Colombiens, Allemands.. rien à voir avec mon expérience vécue seize ans auparavant, alors que les touristes étaient peu nombreux à se risquer sur le territoire où sévissaient encore les paramilitaires et la guérilla. Il y avait, à mon souvenir, un seul restaurant ainsi qu’un endroit où poser mon hamac; et je me revois encore, en train de sillonner la plage en solitaire, et à m’alimenter de noix de coco et de crabes capturés à mains nues.





Cette fois, il n’en faudra pas trop pour me convaincre de monter sur un cheval pour le prochain trajet jusqu’à Arrecifes, guidé dans ma décision par le manque d’heures de sommeil. Je dois quand même resté bien réveillé car le trajet est plutôt rock’n’roll! Il faut bien s’agripper dans les montées et surtout dans les descentes, où les mouvements brusques de ma monture risquent de me propulser par-dessus bord. Ensuite, mes pas suivent ceux d’Emma, une Française qui chemine en compagnie de deux Colombiennes en leur racontant des histoires en espagnol. On passe un temps à se baigner dans la mer et à jaser en buvant un bon rhum local.





Je terminerai ma journée seul dans mon hamac (dans un lieu secret que je ne révèle à personne), avec pour compagnie les chauves-souris qui volent à quelques pouces au-dessus de ma tête, et toutes ces créatures dont je ne peux que deviner la forme et la stature, en fonction des bruits qui parviennent à mes oreilles dans l’obscurité de la nuit.

Auteur/autrice
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Chroniqueur nomade, Guillaume Girard exerce son art à travers le voyage, s'inspirant de tranches de vie les plus diverses dans un monde en constante évolution. Chemin faisant, il tente d'acheminer des messages à ses semblables, que ce soit sous la forme d'une pièce musicale, d'un reportage ou d'un court-métrage de fiction, mettant en évidence les nombreux défis et enjeux auxquels est confronté l’humain d’aujourd’hui, dans son immense village global.
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