C’était ma première fois à St-Omer. J’avais décidé de m’y rendre, sans trop savoir ce que j’allais y découvrir. On m’avait décrit cet endroit comme si c’était autrefois un village, et que c’était en train de devenir un fond de rang… Qu’à cela ne tienne, je me ferai ma propre impression. Lorsque j’arrive, le bureau municipal est déjà fermé. Une voiture dans la cour de l’église, quelqu’un qui était venu récupérer son courrier. Pas de dépanneur, aucun restaurant ni casse-croûte à l’horizon. Aucun bruit, à part quelques oiseaux qu’on entend chanter. Une école abandonnée. Des jeux qui ne doivent plus servir à rien, car il ne doit plus y avoir d’enfants ici, car il ne doit y subsister, vraisemblablement, que quelques retraités…
C’était avant que je rencontre Frédéric. Un vélo était parti du fond du rang pour se diriger dans ma direction, je n’y avais pas trop porté attention. J’avais continué à vaguer dans ma bulle solitaire, captant des plans de l’église et d’autres morceaux d’un paysage qui me semblait inhabité. Après un moment, j’en avais eu assez, je suis allé me poser un peu dans les jeux près des balançoires. C’est là que le jeune garçon, à peine 12 ans, s’est mis à me « jaser ». Et à me décrire un peu ce qu’il y avait à savoir, sur son village…
Dans les minutes qui avaient suivi, deux autres jeunes, un peu plus âgés, avaient traversé la rue pour s’amener jusqu’au parc. Puis, un autre les rejoignait, et peu de temps après, ils se mirent à jouer tous les quatre dans le tourniquet. Peut-être que d’autres encore viendraient, je l’aurais su si j’étais resté là à attendre un peu, mais j’étais déjà parti. C’était l’heure de souper.
