Rumbo a la rumba

Palomino. Mon souvenir d’une plage tranquille où j’avais séjourné en 2005, et où il n’y avait rien pour déranger mes longues siestes dans mon hamac, me fait douter pendant un instant que je soie vraiment déjà venu jusqu’ici. Ou bien je ne m’étais pas rendu à l’époque jusqu’au coeur du village, ou bien celui-ci a tellement grandi qu’il est devenu méconnaissable… Je me dis que ces deux possibilités peuvent être vraies en même temps, alors que nous faisons notre entrée dans le nouveau Palomino. Après le pont qui traverse la rivière du même nom, nous passons devant une rangée de restaurants qui répandent leurs effluves autour de la route principale, ce qui nous rappelle que nous avons faim. Je nous invite à manger un bon steak cuit sur le grill. Martillo aura sa part également, j’imagine que le fait d’avoir dû courir à quelques reprises derrière la moto lui aura creusé l’appétit.

À côté de nous, postée aux abords de la route, se trouve une famille Kogi. Cela n’est pas rare de les apercevoir dans les environs, mais il reste qu’ils détonnent dans ce décor, avec leurs humbles habits blancs, eux qui semblent appartenir à un autre espace-temps… Je leur paye une boisson rafraîchissante, tandis que Bungey fait un brin de jasette. Après quelques minutes de conversation, on réalise qu’ils sont parents avec Josefa, celle-là même qui nous a accueilli il y a trois jours là-haut, lors de notre aventure rocambolesque au coeur de la sierra. Le monde est petit!

La tournée du village est brève : Bungey ne s’éternise pas et nous mène directement vers la carrera 6, là où se regroupent tous ceux qui sont attirés par les amusements nocturnes… Bars, cafés, hostels et boutiques huppées meublent le paysage, un décor qui pourrait s’apparenter à d’autres villages balnéaires qu’on trouve ailleurs sur la planète, mais qui conserve néanmoins une sorte d’ambiance locale. Nous stoppons le véhicule à une intersection où joueurs de jimbé, chanteurs et danseurs s’entremêlent dans un vacarme festif.  Je me joins au bain de foule, pendant que Bungey part avec la moto pour faire une commission, me laissant la garde du chien Martillo. Celui-ci reste couché à côté de mon sac à dos, pendant que je me délie timidement les hanches au rythme des tambours et au son des gaïtas. Ici, c’est le règne la « cumbia », l’ambiance est à la fête, la foule joint sa voix au son des instruments..

 

L’ambiance est contagieuse, et je me laisse entraîner dans la danse.. j’ai quand même hâte d’aller déposer les bagages en lieu sûr pour pouvoir profiter pleinement de la fête. Bungey finit par revenir après au moins une heure d’absence, il a eu un petit ennui avec la moto (quelqu’un l’a fait tomber et un miroir s’est brisé).  Pour ce soir, il connaît un ami chez qui nous pourrons nous reposer: l’endroit combine les fonctions d’hostel et de centre de yoga. Lorsque nous y arrivons, il est déjà minuit, un chien nous accueille en jappant à plein poumons..  Puis, l’ami vient nous ouvrir et sermonne Bungey de ses yeux endormis… ce dernier s’explique pour l’heure d’arrivée et puis c’est ok, l’accueil n’est pas des plus joyeux mais on pourra prendre une bonne douche et dormir, l’un dans un hamac et l’autre sur le divan.

Le lendemain, on profite de l’espace en se prêtant à une courte séance de yoga, question de détendre le corps et les muscles (qui ont été mis à rude épreuve dans la sierra).  Puis, le reste de la journée est consacré à essayer de régler mes problèmes de téléphone.  Je n’ai plus accès au signal même si je paye un plan mensuel ici en Colombie… mon appareil n’est plus reconnu sur le réseau.   J’ai beau tout reformater, y passer la journée et même une bonne partie du jour suivant (à consulter une myriade de forums), rien de ce que je reçois comme information ne fonctionne et je finis par penser à troquer mon Samsung S9 défectueux (la caméra étant encore fonctionnelle et de très bonne qualité) contre un vieux flip-flop…   J’apprendrai plus tard (après avoir discuté avec un autre voyageur qui a subi le même sort) que mon cellulaire est désormais bloqué sur les ondes colombiennes et je dois me rendre vers un centre de service pour l’enregistrer avec mon nom et mon numéro de passeport pour le faire débloquer. Merde, on aurait pu au moins m’envoyer un message d’avertissement…. Et je ne prévois pas croiser une boutique Virgin de sitôt.  En attendant, il ne me reste plus qu’à squatter les signaux wifi, en espérant pouvoir trouver un réseau disponible à chaque fois que j’aurai besoin de communiquer…

 

Auteur/autrice

  • Chroniqueur nomade, Guillaume Girard exerce son art à travers le voyage, s'inspirant de tranches de vie les plus diverses dans un monde en constante évolution. Chemin faisant, il tente d'acheminer des messages à ses semblables, que ce soit sous la forme d'une pièce musicale, d'un reportage ou d'un court-métrage de fiction, mettant en évidence les nombreux défis et enjeux auxquels est confronté l’humain d’aujourd’hui, dans son immense village global.

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